– Confessions d’une confinée –

À deux semaines et X jours de confinement (j’ai arrêté de compter), je me suis dis qu’il serait bien de faire un bilan de la situation. Suis-je déjà devenue folle ou ai-je encore quelques jours devant moi? Avec du recul, ensemble, nous réussirons peut-être à répondre à cette question.

Disons que pour moi, cet épisode a plutôt mal commencé. Mon CDD, qui devait bien évidemment se transformer en CDI, a eu la bonne idée de se terminer 3 jours après le début du confinement. ” Donc Mademoiselle, nous avons décidé de vous proposer une réinscription à pôle emploi, plutôt qu’un CDI. Ils vous connaissent bien là bas, je suis sûr qu’ils seront ravis de vous réintégrer dans leur système.” Admettons… À 3 jours près… C’est quand même con! 3 petits jours qui ont transformé ma vie de femme d’affaire ( oui, ça gonfle mon égo de me considérer comme tel), en mollusque errant entre le canapé et le frigo.
Si seulement il n’y avait que ça. En plus de perdre mon boulot, ma voisine folle a décidé de mettre le feu à son appartement. 4 jours que je n’avais pas mis un pied dehors pour finalement me retrouver entourée d’inconnu en pyjama à regarder les pompiers éteindre l’incendie. Ça valait bien le coup de me confiner.
Et puis, pour couronner le tout, des petits malins de Londres ont décidé de pirater ma carte bancaire. Je suis donc enfermée, sans boulot, sans carte bancaire avec une folle qui vit à côté de moi. À J+6 j’en suis là… Très bien. J’ai vu ce que c’était le confinement. Ça ne me plaît pas plus que ça. On peut arrêter maintenant? Non? Comment ça? Il reste encore 5 semaines? Ah d’accord… A ce rythme là, je vais finir nue à courir sur le parking du Leclerc en chantant ce rêve bleu. Soit, c’est ainsi.

Je décide cependant de reprendre la situation en main et d’aller faire des courses. Aller acheter des carottes ne m’a jamais rendu aussi heureuse que ce jour. C’est donc pleine de courage, avec mon attestion en poche, certifiant sur l’honneur que oui, c’est bien moi et que je vais acheter du pain, que je franchis les portes du supermarché.
Je repense au 16 mars 2020. On nous a dit : ” Va faire le plein de pâtes et de PQ, car à partir de demain tu ne pourras plus sortir”. C’était drôle. Ça m’a fait rire.
23 mars 2020, je me suis dis que j’allais quand même prendre un paquet de chaque, on ne sait jamais. Et puis… Ce fut le drame. J’ai regardé à droite, à gauche, dans le caddie de Micheline et celui de Pepito, j’ai levé la tête, j’ai vu les rayons vides, j’ai paniqué. Et puis hop, comme par magie, grâce au phénomène de société, je me suis retrouvée avec 25 kg de riz et 40 paquets de rouleaux de PQ chez moi… Par chance j’ai une cave pour stocker tout ça. C’est simple, je pense qu’à la fin du confinement, on va pouvoir ouvrir un magasin clandestin avec Momo pour arrondir nos fin de mois.

Oui, car je ne suis pas seule dans cette galère. Je suis bien évidemment entourée de Momo qui est déjà bien attaqué hors confinement, je vous laisse donc imaginer le degré de folie atteint à ce jour… Et puis, il y a ma soeur, qui a eu la gentillesse de nous accueillir dans sa demeure. Je crois qu’elle ne se rend pas compte que nous allons transformer cette maison en hospice. Mais chut… Elle le découvrira déjà bien assez tôt.
C’est drôle, il y a 6 mois nous avons déménagé de chez ma soeur pour la 3ème fois de notre vie pour enfin nous installer dans un “chez nous”. En partant je lui ai dis : “Cette fois, promis, c’est la bonne! Si je reviens, c’est que ce n’est pas bon signe! Soit on a un dégât des eaux, soit on s’est séparé avec Momo”. J’avais raison. En effet, ce n’était pas bon signe. Mais alors là! Le coup du Covid 19 qui nous contraint a resté confiné chez nous, ça je ne l’avais pas vu venir! Allez, promis soeur, la prochaine fois, c’est la bonne!

En attendant, je m’occupe comme je peux. Je crois que j’ai récuré la cuisine de chez ma soeur au moins 3 fois. Chaque aliment dans chaque tiroir est rangé par ordre alphabétique. J’ai testé toutes les recettes possibles et inimaginables. C’est bien simple, je suis en train de me transformer en ma mamie, soudée dans ma cuisine. Mon seul but de vie actuel est de faire à manger (beaucoup) pour manger (beaucoup).
Quoi que… je me suis aussi trouvée une passion pour les challenges Instagram. Notamment, faire faire un tour complet à un rouleau de papier toilette posé sur mon dos rien qu’en bougeant les fesses. Des heures de pratique… Oui, malheureusement, on en est là.
J’ai également pris goût à la broderie. LA BRODERIE! Avant le confinement, je ne savais même pas que ce mot existait. Les gens changent…
Bien évidemment, j’ai regardé trois fois TOUT Netflix, je fais du shopping en ligne sans rien acheter vu que je n’ai plus de carte bancaire et je fais croire à Momo que c’est l’anniversaire de ma mère pour qu’il lui souhaite par message, comme ça, pour rire. Je crois que je deviens folle…

Pour couronner le tout, grâce à cette situation, je me suis trouvée un petit côté hypocondriaque. Je tousse, j’ai le Covid. J’ai mal à la tête, j’ai le covid. J’ai la tête qui tourne, j’ai le covid. J’ai même pris ma température, comme ça, au cas ou, pour voir, alors que je n’avais pas touché un thermomètre depuis plus de 10 ans. 37,4°. Certes, je n’ai pas de température. Mais je la reprendrai demain, au cas ou, parce qu’on ne sait jamais. Je crois que je deviens folle. Je l’ai déjà dis non?

Et puis, comme si cette période n’était déjà pas assez chiante, j’ai décidé de faire un dry April. Pour ceux qui ne connaissent pas, on parle généralement de dry january. C’est à dire qu’au mois de janvier, certaines personnes décident de ne pas boire d’alcool du 1er au 31 afin de se purger des fêtes.
Mais qu’est ce qu’il m’a pris de prendre cette décision? La phrase est à peine sortie de ma bouche qu’une petit voix dans ma tête me disait : “Une petite bière?”
Sage décision à moi même. On aurai fini alcoolique avec Momo sinon, j’en suis persuadée.

Ce qui me réconforte c’est que je sens que je ne suis pas seule à devenir folle. Il suffit d’ouvrir les réseaux sociaux et c’est parti pour une bonne dose de folie. Entre montage vidéo avec un chat comme acteur principal, partie de morpion avec un chien ou séance de bronzette à la fenêtre, je me dis qu’il y a pire.

Je crois que je deviens folle mais je ne suis pas seule.

Moi en tout cas, j’aime cette solidarité. Soudés pour devenir fou, c’est ce qu’il y a de mieux.
Alors oui je me plains mais en vrai non. Je pourrais être en train d’essayer de sauver des vies ou de vendre des courgettes à M. qui a le covid. Alors je reste bien sagement dans mon canapé, je compte le nombre de punaises qu’il y a dans une boîte et finalement je suis déjà nostalgique de tous ces moments passés en famille.

Restez chez vous, bordel!

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Comments (2)

  1. Bravo pour ce fabuleux “roman” qui nous donne vraiment envie de visiter tous ces pays.
    Je ne manquerai pas de relire tous les endroits cités au cas où j’aurai la chance d’y aller.

    Bien écrit.. Bien dit… Et ce qui ne gâche rien… avec humour ! (Tu le tiens de ta “môman” sans doute)
    Continue à ecrire sans moderation…
    Et vivement le … déconfinement !

    1. Merci beaucoup pour ce message. Je vais continuer d’écrire, de temps en temps ça fait du bien de libérer son esprit.

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